La Banque mondiale en Haïti

Le développement d'Haïti continue d'être entravé par l'instabilité politique, l'augmentation de la violence et des niveaux d'insécurité sans précédent, ce qui exacerbe la fragilité. Haïti reste le pays le plus pauvre de la région Amérique latine et Caraïbes et parmi les pays les plus pauvres du monde. En 2023, Haïti avait un PIB par habitant de 1 693 USD et un indice de GINI de 0,41 (basé sur la consommation). La valeur de l'indice de développement humain d'Haïti pour 2023 est de 0,554, ce qui place le pays dans la catégorie du développement humain moyen, se classant 166e sur 193 pays.

L'économie s'est contractée de 4,2 % en 2024, une sixième année consécutive de croissance négative. Les recettes fiscales sont tombées à 5,2 % du PIB en 2024 en raison de la récession économique et des difficultés à percevoir les impôts dans les zones peu sûres. En 2025, le PIB devrait se contracter de 2,2 % alors que l'incertitude politique et la violence des gangs freinent les investissements privés et que la forte inflation réduit la consommation privée. Une modeste croissance du PIB est prévue pour 2026, à condition que des améliorations soient apportées sur les fronts politique et sécuritaire. Les changements de politique commerciale pourraient encore réduire les exportations de textiles, aggravant les défis existants en matière de sécurité et de climat des affaires. Une reprise de la croissance du PIB inverserait progressivement les tendances de la pauvreté, la part des Haïtiens vivant avec moins de 2,15 USD/jour en 2017 PPA devant passer de 37,6 % en 2025 à 36,7 % en 2027.

Haïti reste l'un des pays les plus vulnérables au monde aux catastrophes naturelles, principalement les ouragans, les inondations et les tremblements de terre. Plus de 96 % de la population est exposée à ces types de chocs. Le 14 août 2021, un tremblement de terre de magnitude 7,2 sur l'échelle de Richter a frappé la région sud d'Haïti, une zone où vivent environ 1,6 million de personnes. Le bilan humain direct du tremblement de terre s'est élevé à 2 246 morts, 12 763 blessés et 329 disparus dans les trois départements de la péninsule sud. En termes d'infrastructures, 54 000 maisons ont été détruites tandis que 83 770 autres bâtiments ont été endommagés, y compris des écoles, des établissements de santé et des bâtiments publics.

Malgré certains signes de progrès, Haïti continue de faire face à des défis de sécurité critiques. Au moins 5 600 personnes ont été tuées en 2024, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, tandis que plus d'un million de personnes sont désormais déplacées à l'intérieur du pays, estime l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Alors que la crise sécuritaire du pays se poursuit, 5,4 millions d'Haïtiens luttent quotidiennement pour trouver de quoi manger.

Sur le front du développement humain, Haïti compte actuellement un total de 88 782 cas suspects de choléra au 9 mars 2025. Les améliorations du capital humain ont stagné et, dans certains cas, se sont détériorées. La mortalité infantile et maternelle reste à des niveaux élevés, et la couverture des mesures de prévention stagne ou diminue, en particulier pour les ménages les plus pauvres.

Selon l'indice de capital humain 2020, un enfant né aujourd'hui en Haïti ne sera que 45 % aussi productif qu'il pourrait l'être s'il avait bénéficié d'un accès complet à une éducation et à des soins de santé de qualité. Plus d'un cinquième des enfants risquent de souffrir de limitations cognitives et physiques, et seulement 78 % des adolescents de 15 ans survivront jusqu'à l'âge de 60 ans.

Dernière mise à jour: 28 avr. 2025

En mars 2025, le Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale a approuvé un nouveau partenariat stratégique pour Haïti. Le nouveau plan pour la période 2025-2029 se concentre sur la mise en place d'une base pour la reprise économique et sociale, lorsque les conditions le permettront. Il vise également à atténuer les risques de détérioration supplémentaire du capital humain, des infrastructures physiques et de la capacité institutionnelle.

La nouvelle stratégie mettra environ 320 millions de dollars de financement sous forme de subventions à disposition dans le but de renforcer la résilience des populations les plus vulnérables d'Haïti. La stratégie comprend trois piliers généraux : renforcer la gouvernance économique et créer des opportunités d'emploi ; maintenir la capacité institutionnelle essentielle pour la prestation de services de base ; et préserver le capital humain pour accroître la résilience aux catastrophes naturelles et aux chocs.

-   Renforcer la gouvernance économique et créer des opportunités d'emploi : Le Groupe de la Banque mondiale continuera de soutenir des actions à court et moyen terme susceptibles de catalyser des changements structurels à long terme en soutenant l'agriculture résiliente au climat et en fournissant un accès au crédit et aux ressources financières. Ces actions sont cruciales pour améliorer les moyens de subsistance et accroître la sécurité alimentaire. L'amélioration des routes, de l'énergie, de l'accès à l'eau et au numérique est également essentielle pour les populations engagées dans les chaînes de valeur agricoles.

-  Maintenir la capacité institutionnelle essentielle pour soutenir la prestation de services de base : Dans le cadre de cet objectif, nous soutiendrons la modernisation institutionnelle au niveau central, la mise en œuvre de réformes clés de décentralisation et la promotion d'une plus grande responsabilité et d'un engagement citoyen à tous les niveaux de gouvernement. Il s'agira également de traiter les griefs socio-économiques liés à l'inégalité et à l'exclusion et de restaurer la confiance du secteur privé. Le soutien à la prestation de services publics essentiels en matière d'éducation, de soins de santé, d'eau et d'assainissement sera également inclus.

-  Préserver le capital humain et renforcer la résilience aux catastrophes naturelles et aux chocs d'origine humaine : La Banque mondiale soutiendra le gouvernement dans la préparation et la réponse aux urgences, la réduction des risques de catastrophe, la reconstruction des infrastructures de base et le renforcement de la résilience dans les secteurs des transports et de l'urbanisme. L'objectif est d'améliorer la résilience et la préparation dans les zones à haut risque climatique en améliorant les systèmes d'alerte précoce, la capacité d'évacuation, la réponse gouvernementale, la surveillance des maladies, l'accès au réseau routier par tous les temps, les infrastructures de transport et la résilience dans les aéroports.

En outre, la Société financière internationale (IFC) soutient le secteur privé en Haïti. L'IFC fournira des services de conseil pour soutenir le secteur privé dans le développement résilient au climat. L'IFC se concentrera particulièrement sur l'inclusion, la croissance économique, la productivité et la durabilité pour soutenir le secteur privé haïtien dans la préservation, la création et la compétitivité des emplois.

Dernière mise à jour: 28 avr. 2025

Population

· La Banque mondiale a soutenu l'accès à l'éducation avec des conditions d'apprentissage améliorées (telles que la réparation des écoles et la construction de nouvelles salles de classe sûres, la distribution de repas scolaires, de manuels et de kits scolaires) pour environ 80 000 élèves dans 263 écoles primaires publiques de la région sud, au cours de l'année scolaire 2023-2024. Environ 40 000 élèves de 109 écoles non publiques bénéficient de subventions pour une scolarité gratuite.

· Au niveau du système, le financement de la Banque mondiale a soutenu l'amélioration de la planification des évaluations nationales, l'amélioration de la collecte et de la gestion des données grâce au système d'information de gestion de l'éducation, l'accréditation des écoles non publiques pour l'assurance qualité, la promotion de la langue maternelle et la fourniture de manuels en langue maternelle dans les premières années, les pratiques pédagogiques en classe, l'éducation inclusive et les processus liés à la gouvernance décentralisée.

· La Banque mondiale a permis l'accès à des solutions d'énergie solaire fiables dans 5 grands hôpitaux et laboratoires, auparavant dépendants des générateurs à carburant. L'utilisation de carburant a diminué de 50 % à 100 %, économisant en moyenne 1 200 USD par mois par hôpital. Auparavant, les pénuries d'électricité (en raison de la rareté du carburant dans le pays ou du manque de ressources financières pour acheter du carburant) provoquaient jusqu'à 3 mois de perturbation des services par an. Deux hôpitaux offrent désormais des services ininterrompus 24/7, et 3 ont une autonomie de batterie pour les opérations nocturnes.

· Les projets de santé soutiennent le programme de financement basé sur les résultats du ministère de la Santé, contribuant, entre autres, à la prestation de services de nutrition de base pour les femmes et les enfants (665 000), à la supplémentation en vitamine A, à la vaccination de 640 000 enfants et femmes enceintes, et à la présence de travailleurs de la santé qualifiés pour plus de 67 000 femmes accouchant dans des établissements. Les projets ont également soutenu l'amélioration des infrastructures dans plus de 52 établissements de santé depuis 2020.

·  Le programme de protection sociale adaptative pour une résilience accrue (PSARA) permet à près de 22 000 ménages vulnérables de la Grand'Anse de recevoir un transfert monétaire mensuel, principalement via des portefeuilles électroniques mobiles. Par ailleurs, plus de 4 000 familles ayant perdu leur maison ou subi des dommages importants à la suite du tremblement de terre d'août 2021 ont reçu 300 USD chacune pour les aider à reconstruire ou à réparer leur maison.

·  Le projet a permis de mettre à jour les informations sur plus de 100 000 ménages et de collecter des informations sur 70 000 nouveaux ménages enregistrés dans le SIMAST, la base de données du ministère des Affaires sociales et du Travail, contribuant à couvrir plus de 700 000 familles dans le registre. Cela aidera d'autres programmes gouvernementaux et non gouvernementaux à prioriser leurs investissements et à cibler les populations les plus nécessiteuses.

Planète

· Dans le cadre du projet de paysages productifs résilients en Haïti (TPR), 4 267 agriculteurs ont adopté des technologies agricoles améliorées, dont près de 38 % étaient des femmes. 2 050,347 hectares sont sous des pratiques de gestion durable des paysages et 4 sous-bassins versants avec des plans participatifs et d'investissement ont été développés. De plus, un outil de soutien à la décision spatiale pour la prévention et la gestion des risques climatiques a été appliqué à 21 968,31 hectares couverts par le projet.

· 112 écoles de pratique pour agriculteurs ont été mises en place dans les 4 sous-bassins versants sélectionnés, soutenant la formation et l'accompagnement des agriculteurs et des communautés dans l'adoption de pratiques agricoles améliorées grâce à la fourniture de paquet techniques améliorés. Plus de 2 800 fermiers ont participé aux écoles de pratique pour agriculteurs, dont 37,83 % étaient des femmes. De plus, 50 réservoirs familiaux (3m x 3m x 2m) d'une capacité de 18 m3 au bénéfice de 250 ménages vulnérables ont été construits ainsi que 1 511 agriculteurs ont bénéficié de 20 sous-projets soutenus par le projet qui ont amélioré l'accès aux marchés pour les produits locaux, dont 47 % étaient des femmes.

· A la suite de la distribution réussie d'intrants réalisée dans le cadre de la composante d'urgence du projet et en réponse au tremblement de terre qui a frappé la région en août 2021, 20 968 agriculteurs ont reçu des variétés de cultures/résilientes au climat et 21 490 agriculteurs ont reçu des intrants et des services de production urgents.

· Le projet d'eau et d'assainissement rural décentralisé durable et résilient en Haïti (EPARRDD) a récemment achevé son premier système d'approvisionnement en eau (sur 24 à construire) dans la ville de Lascahobas, fournissant un accès amélioré à l'eau potable à 45 000 personnes, représentant 18 % du total des bénéficiaires attendus du projet. Pour assurer la durabilité et la résilience à long terme du service, la Banque mondiale collabore avec l'IFC pour soutenir activement la DINEPA afin de confier la gestion du système à un opérateur privé qualifié par le biais d'un processus de sélection compétitif et transparent.

· Le projet a amélioré les conditions de vie des personnes déplacées à l'intérieur du pays à Port-au-Prince, fournissant un accès à l'eau potable à 22 000 personnes sur 18 sites dans la zone métropolitaine. Parmi les autres réalisations, citons la formation de 400 personnes à la chloration de l'eau, la réhabilitation des toilettes existantes, l'installation de nouvelles installations sanitaires, la construction de douches séparées par sexe et l'installation de stations de lavage des mains équipées de savon. De plus, des kits d'hygiène ont été distribués à 3 665 individus, tandis que des initiatives de gestion des déchets solides ont été mises en œuvre pour maintenir la propreté des sites. Ces activités devraient s'étendre au cours des six prochains mois pour atteindre 25 000 personnes supplémentaires.

·  Enfin, le projet soutient la mise en œuvre de la lettre de politique sectorielle de l'eau et de l'assainissement d'Haïti de 2022, qui fixe des priorités pour atteindre un accès universel, équitable, durable et abordable à l'eau et à l'assainissement d'ici 2032. La politique sectorielle est basée sur la réforme institutionnelle de 2009 qui promeut la décentralisation ; la participation inclusive des autorités locales et des communautés à la prise de décision et au contrôle des ressources financières ; une approche axée sur la demande ; la récupération des coûts d'exploitation et de maintenance ; la professionnalisation des opérateurs de l'eau ; le développement de la réglementation et le soutien à long terme des communautés ; l'amélioration de la résilience du secteur au changement climatique et aux risques de catastrophes naturelles ; le renforcement de la capacité du secteur à planifier, exécuter, surveiller et évaluer les résultats ; et la transparence et la responsabilité régulières.

· Les projets de gestion des risques de catastrophe ont réhabilité le centre d'opérations d'urgence au niveau national (1), départemental (1) et communal (4). Pendant ce temps, la construction de 14 abris d'urgence multifonctionnels a commencé dans les départements de Grand'Anse et Sud, et 6 dans les départements du Nord et du Nord-Ouest.

· Dans la région du Grand Sud, 140 familles vulnérables ont reçu une maison résiliente aux ouragans et aux tremblements de terre construite avec des Techniques de construction locales améliorées (TCLA). Des sessions de formation, des campagnes de sensibilisation et des mises à jour des plans d'urgence ont été réalisées, bénéficiant à plus de 2 000 individus à travers 122 comités communaux de protection civile (CCPC).

· Les projets de développement régional et urbain ont renforcé la prestation de services dans six municipalités de la région métropolitaine de Cap-Haïtien ; amélioré les espaces publics et les infrastructures urbaines de base dans sept municipalités du Nord ; amélioré les bâtiments municipaux à Quartier Morin et Milot ; soutenu des initiatives de préservation du patrimoine culturel et réduit les risques d'inondation dans certaines zones de Cap-Haïtien.

Infrastructure

· Le soutien à la reprise post-séisme de la Banque mondiale a inclus le nettoyage et la réhabilitation de plus de 100 kilomètres de routes, et la construction d'un pont temporaire sur la rivière Grand'Anse, achevé en moins d'un an, permettant une connectivité sûre et résiliente pour plus de 200 000 personnes. Dans l'ensemble, les projets financés par la Banque mondiale ont permis d'acheter 18 ponts d'urgence pour améliorer la capacité d'Haïti à répondre rapidement aux urgences futures.

·10 ponts clés ont été réhabilités ou construits au cours des six dernières années, connectant plus de 3 millions d'Haïtiens dans les départements du Centre, de Nippes, du Sud, de Grand'Anse et d'Artibonite.

·Au cours des 15 dernières années, les projets de transport ont contribué à stabiliser les segments Marigot-Jacmel ; Port-Salut-Les Anglais ; et plus de 350 km de tronçons routiers ; reconstruit les ponts de Chalon, Dolin, Fauché, La Thème et Boucan Carré avec des méthodes résilientes ; réhabilité et renforcé 210 petits ponts, ponceaux, et réparé plus de 28 structures d'ingénierie majeures.

· La Banque mondiale a soutenu l'accès à l'électricité pour environ 233 830 personnes grâce à la réhabilitation de la petite centrale hydroélectrique de 1,5 MW à Drouet (Artibonite) et de quatre réseaux de distribution d'électricité dans la zone métropolitaine. Les projets ont réhabilité quatre réseaux de distribution et installé des compteurs de consommation pour améliorer la fiabilité du service électrique à Port-au-Prince.

· Les projets en cours dans le secteur de l'énergie ont accordé 13 prêts et 11 subventions catalytiques basées sur les résultats à six distributeurs de produits solaires hors réseau. Au 31 mars 2025, 107 599 connexions hors réseau ont déjà été réalisées et bénéficient à 585 000 personnes. En matière de gouvernance, la Banque a soutenu le gouvernement haïtien dans sa stratégie nationale d’accès à l’électricité pour tous d’ici 2035.

Digital

· La Banque mondiale soutient activement le pays dans le développement de l'écosystème numérique, notamment en fournissant des services à large bande aux institutions gouvernementales, en développant des stratégies et des cadres de cybersécurité, en établissant des services de réseau étendu et en mettant en œuvre des programmes de compétences numériques pour les secteurs privé et public.

· Acquisition de matériel de surveillance du spectre et de qualité de service Le Conseil National des Télécommunications (CONATEL), le régulateur des télécommunications, utilisera ce matériel pour garantir de meilleurs services pour l'utilisateur final.

· Analyse de la maturité en cybersécurité L'Université d'Oxford réalise l'analyse de la maturité en cybersécurité pour définir les priorités et aider le gouvernement à investir dans les priorités et orienter la stratégie du gouvernement.

Dernière mise à jour: 28 avr. 2025